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Dernier jour de classe

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Les élèves ânonnaient  le texte que vous leur aviez  imposé. On ne pouvait pas vraiment parler de lecture cursive tant ils déchiffraient le texte d'Aragon avec difficulté. Et cette idée, aussi, de donner aux personnages des prénoms si compliqués. Passe encore pour Aurélien, il aurait fait un chanteur de  Boys band acceptable mais qui aurait eu l'idée saugrenue de baptiser sa fille Bérénice.  Aucune de vos collègues ne s'y serait risquée. Alliez-vous leur parler de l'empereur triomphant et de la princesse de Judée ?  Non, ce serait du temps perdu. Le printemps tardait à poindre et vous vous languissiez d'une promenade dans vos chères montagnes. Vous vous êtes assise à votre bureau et avez ouvert la lettre pour la troisième fois en moins d'une heure.  Vous connaissiez son contenu par coeur : porter votre lingerie préférée, passer à votre doigt la bague qui vous rappelait votre condition, mettre une jupe ample et surtout, insérer en vous une oblongue capsule en sil

Rendez-vous

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V ous roulez jusqu'au point de rendez-vous, loin dans les campagnes. Le paquet sur le siège passager semblait vous narguer. Carré, en carton blanc, décoré d'un ruban écarlate large d'un pouce, il portait la marque d'un célèbre love shop parisien en dessous de laquelle était fixée une étiquette ornée d'un H en caractère gothique. La clé USB qui l'accompagnait était à présent fichée dans votre tableau de bord. Vous aviez par trois fois écouté les instructions. D'abord incrédule, puis franchement amusée, vous vous étiez demandé un moment si vous oseriez. Puis, votre décision prise, vous aviez quitté l'autoroute pour gagner la destination demandée. A rriver au village ne fut qu'une formalité. Le traverser, prendre la départementale qui menait à Saint-Philibert, trouver la chapelle abandonnée, tout cela se fit comme dans un rêve. Vous vous êtes garée, le long du mur de l'édifice. Une grande respiration et, bizarrement, vous vint l'envie d'une

Tango

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  Vous étiez seule à votre table , ce soir-là, dans  une robe écarlate, toute simple, assortie à votre rouge baiser. Un décolleté austère celui que les Espagnoles appellent "palabara de honor" et un chapeau cloche noir de jais,  vous donnaient des airs d'une beauté fatale des années folles. Vous tiriez sur votre fume-cigarette en prenant soin d'éviter les regards, surtout masculin.  Sur la scène un trio de jazz vous terminait sa session. Le bar  semblait moite et les notes expirantes  du saxo vous entraînaient vers la Nouvelle-Orléans. Les musiciens saluèrent puis rangèrent leurs instruments. La serveuse refit un tour de la salle. De la bière pour les plus jeunes, un vin blanc pour vous. Le troisième de la soirée déjà. Elle posa un cognac devant Hadrien, lui sourit et s'en alla. Il vous observait depuis vingt minutes à présent. Il avait remarqué la fente de votre robe quand vous aviez croisé les jambes en changeant de position, les bas noirs arachnéens, les chauss

Printemps III (Samedi matin)

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Vous vous êtes réveillée en sursaut. Un fin rai de lumière filtrait sous les lourds volets de bois.  Aucun oiseau ne chantait encore. L'aube commence seulement à poindre avez-vous pensé. Vous avez voulu vous retourner pour continuer votre nuit mais les chaînes qui reliaient les bracelets de vos poignets à la tête de lit vous en ont empêchée. Vous vous êtes alors rappelée où vous étiez et pourquoi.  Hadrien vous l'avait dit et répété. La patience et la disponibilité sont deux attributs de la soumission. Pour la disponibilité, il avait pu en juger la veille après la punition, vous aviez effectué pour lui le service des boissons. Seulement vêtue de votre collier, dans un geste cent fois répété à la maison, vous vous étiez agenouillée en tenant le plateau sur lequel reposait le verre ballon rempli de son Nuits-Saint-Georges préféré. Vous l'aviez regardé humer le vin, porter le verre a ses lèvres , en prendre une gorgée, la mastiquer, faire claquer sa langue contre son palais et

Printemps (Vendredi soir)

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A peine étiez vous arrivés à la sortie de la ville qu'Hadrien gara le véhicule.  " Vous en avez assez vu pour l'instant, Mademoiselle ". Et il posa un bandeau noir sur vos yeux avant de reprendre le volant. Il conduisait vite et prenait ses tournants assez serrés.  Vous aviez du mal à vous maintenir bien droite sur votre siège. Dix ou quinze minutes plus tard, la route se fit sinueuse et la conduite plus lente. Sans doute aviez vous quitté la grand route pour gagner l'Abbaye qui devait vous accueillir pour la durée de votre séjour. Des graviers qui crissent sous les pneus, le véhicule marque l'arrêt puis descend une trémie. Vous entendez une lourde porte de garage se refermer derrière vous. L'auto s'immobilise. Vous retenez votre respiration. Cette fois, vous voilà sur les lieux. Une boule se forme dans votre ventre. " Et si ..? "pensez-vous. Le bandeau tombe, Hadrien vous aide à descendre. Il tient déjà votre valise. Vous empruntez tous deux

Printemps I

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  Vous étiez effrayée. Votre décision était prise, mais votre frayeur était néanmoins palpable. Vous avez allumé une cigarette. J"ai attendu en me reculant légèrement. Hadrien comprenait. Il y a quelques années, il aurait fait de même. Pour se calmer, pour faire tomber le stress. Mais il avait arrêté. Même si l'odeur douce du tabac blond l'attirait toujours. Il s'estr avancé et a pris votre bagage "Vous me suivez ?" et il s'est dirigé vers la sortie du hall de la gare. Vous aviez fait le voyage pour se soumettre. Pour le plaisir de vous soumettre. Pour cette jouissance de l'âme et du corps Vous vous étiez déjà rencontrés. En un endroit neutre, dans un café de la capitale,. Et sur le Net, longuement. Mais ce week-end, vous aviez décidé de matérialiser vos fantasmes. Hadrien a placé votrebagage dans le coffre de la voiture. Vous attendiez que les portes se déverrouillent Cheveux courts, visage rond, discrètement maquillée. Une jupe bleue, un chemisier g

Roulette

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J'adore la robe que vous portez, Mademoiselle. Sans forfanterie, c'est vrai. L'étoffe est belle, pesante jusque ce qu'il faut pour mouler votre silhouette sans l'empeser. La coupe du décolleté met en valeur votre poitrine et on dirait que vous en avez choisi la teinte pour rappeler celle de vos yeux. C'est le cas? J'ai toujours su que vous aviez du goût. Mais ce serait dommage de la froisser par nos jeux. Ôtez-là donc, et posez-la sur la chaise. Oui, celle sur laquelle vous étiez assise. Et vous ? Mais agenouillée devant moi, voyons. Reprenons, savez-vous d'où me vient cet attrait pour ce vêtement ? Il faut remonter à ma grand-mère, troisième d'une série de cinq filles menée de main de maître par un père assez dirigiste. Elle était la plus vive de la troupe et celle dont les mains étaient les plus habiles aux travaux ménagers. Aussi le patriarche avait-il décidé de l'envoyer suivre des cours de coupe et de couture à la capitale. Elle prit donc